octobre 11, 2024

Objectifs d’emblavure et de production horticole au Sénégal

Introduction

L’horticulture sénégalaise a pris une place centrale dans la stratégie de développement agricole du pays. En effet, les objectifs d’emblavure et de production horticole sont des indicateurs clés pour mesurer la performance et la capacité du Sénégal à atteindre sa souveraineté alimentaire tout en répondant aux demandes croissantes des marchés locaux, des supermarchés et épiceries, ainsi que des hôtels et restaurants. Ce secteur s’avère aussi crucial pour l’exportation de fruits et légumes qui génère des revenus importants pour l’économie nationale. Dans cet article, nous explorerons les objectifs ambitieux du Programme National de Relance de l’Horticulture (PNRH) qui vise à accroître la production horticole à l’horizon 2023, en se concentrant sur les cultures prioritaires telles que l’oignon, la pomme de terre, la carotte, et la tomate.

 

Les Cultures stratégiques et leurs objectifs de production

Le Programme National de Relance de l’Horticulture (PNRH) a identifié plusieurs cultures stratégiques pour soutenir la souveraineté alimentaire du Sénégal et sécuriser la croissance du secteur. Parmi celles-ci, l’oignon, la pomme de terre, la carotte et la tomate jouent un rôle central.

 

L’oignon

Le PNRH fixe comme objectif de porter la production nationale d’oignons à 590 900 tonnes d’ici 2023, contre 444 871 tonnes en 2019. Cet accroissement est motivé par la volonté d’assurer une couverture des besoins nationaux pendant 12 mois, en réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis des importations. L’accent est mis sur l’augmentation des superficies emblavées, l’amélioration des rendements, et la mise en place d’infrastructures de conservation modernes pour mieux gérer les périodes de surplus.

 

La pomme de terre

Avec une production actuelle de 158 875 tonnes, la pomme de terre est un autre pilier de la stratégie horticole. L’objectif est de doubler cette production pour atteindre 212 694 tonnes d’ici 2023. La diversification des zones de production, l’introduction de semences de meilleure qualité et la modernisation des techniques de culture devraient permettre d’augmenter les rendements et d’étendre la période de disponibilité sur le marché.

 

La carotte

Bien que moins emblématique, la carotte est une culture en plein essor. Le PNRH vise une production de 23 742 tonnes en 2023, contre 17 875 tonnes en 2019. Cette augmentation sera rendue possible par une meilleure maîtrise de l’irrigation et une optimisation des techniques de production. La zone des Niayes, notamment, jouera un rôle clé dans cet effort grâce à ses conditions climatiques favorables à la culture de la carotte.

 

La tomate

En ce qui concerne la tomate, le Sénégal prévoit une production de 97 026 tonnes d’ici 2023. La culture de la tomate industrielle dans la Vallée du fleuve Sénégal et celle de la tomate ordinaire sont des axes prioritaires. Les efforts se concentreront sur l’amélioration des rendements par hectare, ainsi que sur le soutien aux coopératives agricoles pour la gestion de la chaîne de valeur de la tomate.

 

Augmenter les superficies emblavées pour atteindre les objectifs

Pour atteindre les objectifs de production, il est essentiel d’accroître les superficies emblavées. Le PNRH prévoit de faire passer les surfaces emblavées de 266 816 hectares en 2019 à 350 604 hectares en 2023* Cette augmentation de 31,40 % est un facteur clé pour répondre à la demande croissante des marchés nationaux et internationaux.

 

Développement des zones horticoles

Le Sénégal dispose de trois grandes zones horticoles : les Niayes, la Vallée du Fleuve Sénégal et la Zone spéciale (bassin arachidier et sud du Sénégal). Chacune de ces zones présente des opportunités uniques pour la culture de différents produits. Les Niayes, par exemple, sont particulièrement adaptées à la production de légumes tels que l’oignon et la carotte, tandis que la Vallée du Fleuve Sénégal est idéale pour la tomate industrielle et la banane. 

 

Le gouvernement sénégalais investit massivement dans l’infrastructure agricole de ces zones, notamment en améliorant les systèmes d’irrigation et en construisant des forages pour maximiser la productivité. Une augmentation de 50 % des superficies emblavées en pommes de terre, par exemple, est prévue, passant de 3 959 hectares en 2017 à 8 508 hectares en 2023.

 

Exploitation des potentiels inexploités

Des régions comme le Lac de Guiers et le bassin de l’Anambé représentent des zones de forte potentialité, mais qui sont encore sous-exploitées. Grâce à la mise en place de motopompes solaires et de systèmes d’irrigation modernisés, ces zones pourraient jouer un rôle crucial dans l’augmentation des rendements.

 

Améliorer la productivité pour répondre à la demande

L’amélioration des rendements par hectare est un autre axe stratégique du PNRH. Actuellement, les rendements moyens pour des cultures comme l’oignon et la carotte restent en dessous du potentiel maximal en raison de la qualité des semences et du manque d’intrants agricoles.

 

Optimisation des intrants

Pour augmenter la productivité, le PNRH propose une stratégie d’optimisation des intrants. Cela inclut des subventions pour les semences de qualité, les engrais et les produits phytosanitaires. Par exemple, il est prévu de faire passer le rendement de la pomme de terre de 20 tonnes par hectare en 2017 à 25 tonnes par hectare en 2023. Cet effort nécessitera des formations spécifiques pour les producteurs et un meilleur accès au crédit agricole pour financer ces intrants.

 

Formation des agriculteurs

Les coopératives agricoles et les groupements d’intérêt économique jouent un rôle essentiel dans le transfert des meilleures pratiques agricoles. Le PNRH prévoit d’intensifier les sessions de formation sur l’utilisation des technologies modernes, notamment les systèmes d’irrigation et les techniques post-récolte. Ces efforts visent à garantir que les exploitants agricoles puissent augmenter leurs rendements tout en maintenant une haute qualité des produits.

 

Objectifs d’exportation et contribution au développement économique

Le secteur horticole n’est pas seulement destiné à satisfaire les besoins locaux. Il joue également un rôle majeur dans les exportations agricoles du Sénégal, notamment vers l’Europe et les marchés sous-régionaux.

 

Accroître les exportations de fruits et légumes

Le PNRH fixe l’objectif d’atteindre 160 000 tonnes de fruits et légumes exportés d’ici 2023, contre 107 977 tonnes en 2019. La mangue, le maïs doux et le melon représentent une part importante de ces exportations. Pour soutenir cette croissance, des efforts sont déployés pour améliorer les infrastructures post-récolte, telles que les centres de conditionnement et les installations de conservation. Des chambres froides supplémentaires seront mises en place pour réduire les pertes post-récolte et prolonger la durée de conservation des produits destinés à l’exportation.

 

Impact économique

Les exportations horticoles contribuent directement à la création d’emplois et à la réduction du déficit commercial. Elles génèrent des revenus pour les exploitants, tout en contribuant à l’équilibre de la balance commerciale du pays. Le développement d’une agriculture à haute valeur ajoutée, orientée vers l’exportation, est donc une priorité pour le Sénégal.

 

Vers une horticulture durable et compétitive

La compétitivité de l’horticulture sénégalaise repose non seulement sur l’augmentation de la production, mais aussi sur l’adoption de pratiques durables. Le PNRH met l’accent sur l’agroécologie et la modernisation des systèmes de production pour garantir que la croissance du secteur horticole soit durable à long terme.

 

Promouvoir l’agroécologie

Le PNRH encourage l’adoption de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, telles que l’utilisation de fertilisants biologiques et la promotion de la culture en rotation pour préserver la fertilité des sols. L’agroécologie permet d’assurer une production durable tout en répondant aux exigences croissantes des consommateurs, notamment dans les hôtels et restaurants de luxe, qui privilégient de plus en plus les produits bio et locaux.

 

Innovation Technologique

Enfin, le PNRH soutient l’innovation en introduisant des technologies modernes telles que la digitalisation des services agricoles. Ces innovations permettent aux producteurs d’accéder plus facilement aux informations sur les marchés et de gérer plus efficacement leurs exploitations.

 

Conclusion 

L’horticulture sénégalaise est en pleine expansion, avec des objectifs d’emblavure et de production ambitieux à l’horizon 2023. Grâce au Programme National de Relance de l’Horticulture, les acteurs du secteur, des exploitants agricoles aux exportateurs, ont l’opportunité de maximiser leur productivité tout en répondant aux demandes croissantes des marchés locaux, des supermarchés, des hôtels, et des marchés d’exportation.

 

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