Introduction
L’agriculture, et en particulier l’horticulture, constitue un pilier fondamental de l’économie sénégalaise, contribuant à la sécurité alimentaire et à l’exportation de produits vers des marchés internationaux. Cependant, la campagne agricole 2020/2021 a été marquée par des perturbations majeures. Le Programme National de Relance de l’Horticulture (PNRH), mis en place pour atténuer ces impacts, vise à garantir la résilience du secteur face à des défis tels que les effets de la pandémie de Covid-19 et les aléas climatiques. Cet article explore les menaces potentielles qui pèsent sur l’agriculture sénégalaise et propose des solutions pour relever les défis auxquels font face les exploitants agricoles, commerçants, supermarchés, hôtels, et exportateurs de fruits et légumes.
La Pandémie de Covid-19 et ses répercussions sur la production horticole
La pandémie de Covid-19 a profondément bouleversé l’agriculture au Sénégal. Contrairement à la crise de 2008, qui était d’ordre financier, celle de 2020 a affecté directement l’économie réelle, entraînant une désorganisation des chaînes d’approvisionnement et une baisse de la demande mondiale. Les mesures de confinement ont causé une réduction des échanges commerciaux, impactant la vente des produits horticoles. Les exportations de fruits et légumes ont ainsi connu une baisse significative de 16 % en 2020.
Ces perturbations ont affecté la disponibilité des intrants (engrais, semences), retardant la mise en place des cultures pour la campagne agricole. Par exemple, le retard dans l’approvisionnement en semences de qualité a limité la productivité de cultures clés comme l’oignon, dont la production a diminué par rapport aux prévisions. De plus, les marchés locaux, faute de pouvoir écouler les produits, ont enregistré des stocks invendus. En avril 2020, la région des Niayes, par exemple, recensait un stock de 34 000 tonnes d’oignons invendus, affectant à la fois les producteurs et les commerçants.
Défis liés au climat et à la gestion de l’eau
Le changement climatique reste un autre facteur critique qui influence la campagne agricole. Les variations imprévisibles des précipitations et la sécheresse ont entraîné une réduction de la disponibilité en eau pour l’irrigation, notamment dans les zones de production comme les Niayes et la Vallée du Fleuve Sénégal. La maîtrise de l’eau productive est essentielle pour maintenir les rendements des cultures horticoles. Or, l’accès limité aux systèmes d’irrigation modernes et aux infrastructures hydrauliques constitue une menace majeure pour la durabilité de la production.
Afin de faire face à ces défis, le PNRH met en avant des solutions telles que l’installation de motopompes fonctionnant à l’énergie solaire et la construction de forages pour assurer une disponibilité continue en eau. Cette stratégie vise à augmenter les rendements tout en réduisant la dépendance aux précipitations. Par exemple, les producteurs d’oignons pourraient augmenter leurs rendements de 20 % grâce à un meilleur accès à l’eau et à l’adoption de technologies d’irrigation plus efficaces.
Problèmes de conservation et de commercialisation des produits
L’absence d’infrastructures de conservation et de stockage adéquates reste un problème persistant. Les produits horticoles, qui sont souvent périssables, nécessitent des installations modernes pour être conservés sur une longue période. Sans ces infrastructures, les producteurs sont obligés de vendre rapidement leurs récoltes, souvent à des prix bas, ce qui réduit leurs revenus. Ce manque de conservation affecte aussi les exportateurs, qui peinent à assurer un approvisionnement constant des marchés internationaux.
L’amélioration des infrastructures de stockage permettrait de stabiliser les prix et de mieux étaler l’offre sur l’année, en particulier pour des cultures comme la pomme de terre et l’oignon. Par ailleurs, l’exportation de produits tels que la mangue pourrait être multipliée grâce à des techniques de conditionnement améliorées, limitant les pertes post-récolte. L’État a pris des mesures pour encourager les investissements dans les infrastructures, notamment avec des subventions sur les chambres froides et des crédits pour les centres de conditionnement.
Pression parasitaire et dégénérescence génétique
Les ravageurs et les maladies continuent de peser lourdement sur la productivité des cultures. En particulier, la mouche des fruits affecte gravement la production de mangues, entraînant des pertes importantes en qualité et en quantité. De plus, l’usage de semences de mauvaise qualité, souvent importées, a conduit à une dégénérescence génétique des variétés de légumes comme l’oignon et la tomate, affectant les rendements et la résilience des cultures face aux conditions climatiques et aux ravageurs.
Pour contrer ces menaces, le PNRH propose d’investir dans des programmes de constitution d’un capital semencier local, afin de réduire la dépendance aux importations de semences. Des programmes de formation des producteurs aux nouvelles pratiques agricoles, combinés à une utilisation plus stratégique des intrants phytosanitaires, devraient également permettre de mieux contrôler les ravageurs et d’améliorer la qualité des récoltes.
Perspectives pour une horticulture résiliente
Malgré les défis, le secteur horticole du Sénégal continue de progresser, grâce aux efforts concertés du gouvernement et des acteurs privés. La stratégie de relance mise en place vise à augmenter la productivité, améliorer les infrastructures et renforcer la résilience des exploitants face aux aléas climatiques et économiques.
Les objectifs de production à l’horizon 2023 incluent une augmentation de 32,88 % par rapport aux niveaux de 2019, avec un accent sur des cultures clés comme l’oignon, la pomme de terre et la pastèque. Les mesures d’adaptation incluent également la digitalisation des services agricoles, facilitant ainsi l’accès aux informations sur les marchés et aux technologies innovantes. En outre, la promotion de l’agroécologie et des techniques agricoles plus respectueuses de l’environnement permettra de garantir une agriculture durable, tout en assurant la compétitivité des produits sur les marchés internationaux.
Conclusion
La campagne agricole 2020/2021 au Sénégal a été marquée par des défis sans précédent, mais elle a également révélé des opportunités pour transformer le secteur horticole en un moteur de croissance durable. La maîtrise des ressources en eau, la mise en place d’infrastructures de conservation et l’amélioration des pratiques agricoles seront déterminantes pour garantir la résilience du secteur face aux futures menaces. Pour les exploitants agricoles, commerçants, supermarchés, hôtels, et exportateurs, l’avenir de l’horticulture sénégalaise réside dans une approche intégrée et innovante, capable de répondre aux exigences des marchés locaux et internationaux.