Introduction
L’horticulture est un secteur clé pour le développement économique et la souveraineté alimentaire du Sénégal. Face aux nombreux défis auxquels sont confrontés les acteurs du secteur, notamment les exploitants agricoles, les marchés locaux, les supermarchés et épiceries, ainsi que les exportateurs de fruits et légumes, le Programme National de Relance de l’Horticulture (PNRH) a été conçu pour soutenir et dynamiser la filière horticole. Le PNRH s’articule autour de plusieurs composantes stratégiques qui visent à améliorer la production, la qualité, et la compétitivité des produits horticoles. Dans cet article, nous explorerons les principales composantes du programme et les stratégies mises en œuvre pour assurer son succès.
Maîtrise de l’eau productive et développement des moyens d’exhaure
L’accès à l’eau productive est un défi majeur pour les exploitants horticoles au Sénégal. Le PNRH met un accent particulier sur la maîtrise de l’eau, en investissant dans des solutions modernes pour maximiser l’irrigation et assurer une production constante, surtout dans des zones clé comme les Niayes, la Vallée du Fleuve Sénégal, et la zone spéciale. L’objectif est de rendre l’eau accessible toute l’année, notamment grâce aux technologies solaires et aux systèmes d’irrigation goutte-à-goutte.
Sous-composante : Systèmes d’irrigation modernes
La stratégie inclut l’installation de motopompes solaires, particulièrement adaptées aux besoins des petites exploitations. De plus, des kits d’irrigation seront subventionnés pour les exploitants dans les zones rurales et urbaines, avec l’objectif d’augmenter les rendements tout en optimisant la consommation d’eau. L’impact direct attendu est une augmentation de 20 % des rendements sur les cultures comme l’oignon et la carotte.
Sous-composante : Renforcement des infrastructures hydrauliques
Pour accroître la production horticole, le PNRH prévoit la construction de forages dans les zones sous-équipées en infrastructures hydrauliques. Cette mesure permettra de sécuriser la production et de réduire la dépendance aux précipitations. Des chiffres montrent que l’ajout de forages a déjà permis d’augmenter les surfaces irriguées de 25 % en moyenne dans les zones ciblées.
Facilitation de l’accès aux intrants et matériels agricoles
Un autre pilier du PNRH est la facilitation de l’accès aux intrants (engrais, semences, plants) et matériels agricoles nécessaires à l’optimisation de la production. Les exploitants horticoles, surtout les petits producteurs, sont souvent confrontés à des difficultés pour accéder aux intrants de qualité à des prix compétitifs. Le programme prévoit des subventions et des incitations pour permettre aux producteurs d’accéder à ces ressources de manière plus régulière.
Sous-composante : Subventions pour les semences et engrais
Le PNRH propose la subvention des semences, notamment pour des cultures prioritaires comme la pomme de terre, l’oignon et la carotte. Ces subventions visent à doubler les rendements à l’hectare, en passant de 20 tonnes par hectare à 25 tonnes pour certaines cultures comme la pomme de terre. Par exemple, pour la saison 2021-2022, une subvention de 70 % a été offerte sur les semences de qualité certifiée, permettant d’améliorer la qualité des récoltes.
Sous-composante : Appui en matériel agricole moderne
Le PNRH vise également à moderniser l’agriculture en fournissant des équipements tels que des planteuses, arracheuses et motoculteurs. Cela permet de réduire le coût de la main-d’œuvre et d’améliorer l’efficacité de la production. Des formations sont également organisées pour que les exploitants puissent utiliser efficacement ces nouveaux équipements, augmentant ainsi leur productivité.
Renforcement des capacités techniques, financières et organisationnelles
Le renforcement des capacités des producteurs et des coopératives agricoles est un autre axe majeur du PNRH. En effet, pour que les innovations techniques et les infrastructures mises en place produisent leurs effets, il est indispensable que les producteurs soient formés aux meilleures pratiques agricoles et aient un accès facilité au financement.
Sous-composante : Formations techniques et bonnes pratiques
Le PNRH prévoit d’organiser des formations sur les techniques culturales (plantation, irrigation, récolte) et les techniques post-récolte (conditionnement, conservation). L’objectif est de permettre aux producteurs de maximiser la durée de conservation de leurs produits et de minimiser les pertes après la récolte. Ces formations visent également à renforcer les capacités des producteurs dans l’utilisation des intrants agricoles de manière plus efficace, ce qui pourrait augmenter les rendements de 15 à 20 % selon les cultures.
Sous-composante : Accès au financement agricole
L’accès au crédit agricole reste un défi pour de nombreux producteurs. Le PNRH travaille à faciliter l’accès aux crédits en collaboration avec des institutions financières locales. En 2021, près de 500 exploitants ont pu bénéficier de financements pour acheter des semences de meilleure qualité et des équipements agricoles. Cette initiative a permis d’augmenter les surfaces emblavées de manière significative dans plusieurs régions.
Promotion des infrastructures de stockage et de conservation
Une des faiblesses de la filière horticole sénégalaise réside dans le manque d’infrastructures de conservation adaptées, ce qui entraîne des pertes post-récolte importantes. Le PNRH vise à remédier à cette situation en investissant dans des infrastructures de stockage moderne, notamment des chambres froides, des magasins de stockage et des abris séchoirs.
Sous-composante : Mise en place de chambres froides
Les chambres froides sont essentielles pour prolonger la durée de conservation des fruits et légumes, notamment pour des produits destinés à l’exportation comme la mangue et le haricot vert. En 2022, le PNRH prévoit l’installation de 8 chambres froides dans les zones à forte production, permettant ainsi de réduire les pertes post-récolte de 30 %.
Sous-composante : Abris séchoirs et plateformes logistiques
Outre les chambres froides, des abris séchoirs et des plateformes logistiques seront mis en place pour les produits à longue conservation comme l’oignon et la patate douce. Ces infrastructures permettront de maintenir la qualité des produits pendant plusieurs mois, facilitant ainsi la commercialisation à grande échelle dans les marchés locaux et internationaux.
Coordination et gestion du programme
La gestion efficace du PNRH repose sur une coordination interinstitutionnelle bien orchestrée, impliquant plusieurs acteurs publics et privés. Le programme est supervisé par la Direction de l’Horticulture (DHORT) et bénéficie de l’appui de plusieurs partenaires techniques et financiers, ainsi que des coopératives agricoles.
Sous-composante : Suivi et évaluation des performances
Un système de suivi et d’évaluation rigoureux a été mis en place pour mesurer les progrès réalisés à tous les niveaux du programme. Les indicateurs clés incluent l’augmentation des rendements, l’amélioration des capacités de stockage, et la réduction des pertes post-récolte. Des rapports trimestriels sont établis pour ajuster les stratégies en fonction des résultats obtenus sur le terrain.
Sous-composante : Partenariats public-privé
Le PNRH encourage les partenariats public-privé pour garantir que la production horticole réponde aux exigences de qualité et de volume des marchés. Ces collaborations permettent également de renforcer la chaîne de valeur en facilitant l’accès aux marchés internationaux.
Conclusion
Le Programme National de Relance de l’Horticulture est une initiative ambitieuse qui vise à transformer l’agriculture sénégalaise en un secteur résilient et compétitif. En renforçant les infrastructures, en modernisant les pratiques agricoles et en améliorant l’accès au financement, le PNRH crée une dynamique favorable pour l’ensemble des acteurs de la filière. Que ce soit pour les exploitants agricoles, les commerçants, les supermarché, ou les exportateurs de fruits et légumes, ce programme offre des opportunités uniques pour accroître leur rentabilité et répondre aux défis du marché.